Pas facile de trouver une connexion en vacances, mais c'est chose faîte !
NB : L’ensemble des phrases entre « » sous lignées sont issues de l’article de François.
C’est par intérêt pour tout ce qui touche au poker et par curiosité que j’ai acheté le deuxième numéro de Cardplayer made in France.
J’ai quelques remarques sur le magazine en général (en stock pour une prochaine critique) mais le propos de cet article est une critique (que j’espère constructive) de l’article de F. Montmirel : « la leçon de l'atelier ».
De quel droit ? Du droit de lecteur ayant déboursé 4.5 EUR et qui s’attend à un minimum de qualité.
François est une figure sympathique et bien connue du milieu Pokeriste Français.
Connaissant sa réputation (Professeur de poker, joueur aguerri), je m’attendais à une analyse poussée de ces fameuses petites paires ou du moins à quelques assertions intéressantes. Le moins que l’on puisse dire est que je suis tombé de (très) haut. Ma déception étant à l’inverse du niveau de l'article.
Que c’est t-il passé ? Article écrit entre deux stations de métro ? Compilation de phrases de poker Cadillac sans relecture ?
On peut également se poser une autre question : le comité de rédaction du journal relie-t-il avant mise en presse ?
Deux grands types de remarques : forme et fond.
- Les remarques de forme.
A aucun moment n’est précisé le périmètre de l’analyse. Parle-t-on de NL Hold’em (NLH), de Limit Hold’em (LH) ? Lorsque je lis « une côte pour rentabiliser…trois joueurs » je pense LH.
Sommes-nous en Cash Games (CG) ou en tournoi ? Je n’en sais rien…Arrivent les exemples, je me vois en tournoi … NLH…
A qui sont destinés les conseils ? Débutants ? Confirmés ? Experts ?
Peut être l’article avait pour but de tout couvrir ? Dans ce cas, ce n’est pas deux pages mais tout un dossier de la taille du MAG qui aurait du être pondu…Et quand bien même, les situations sont si différentes...
Bref, ce manque de clarté est à l’image de l’article en général.
Je suppose in fine que l’article veut traiter des petites paires en NLH. Dans ce cas, comment ne pas commencer en expliquant que le NL ne peut pas être décrit de façon exhaustive, fausse impression que donne cet article. Le monde des petites paires se résumant à dois-je lancer ou juste payer ? Le ton est donné : les débutants paient, les confirmés relancent ? Un peu court…J’ai 100 EUR devant moi à l’ACF, blind 2/4, NLH. J’ai 55 UTG. Conclusion : je lance 20 EUR. Conséquence : rasé en très peu de temps.
Ce petit exemple amène mes remarques sur le fond : comment peut-on parler de stratégie en NL sans prendre en considération les hauteurs de tapis (short ou deep stacks), les types de joueurs (loose, passive, tight…), le type de partie (loose aggro, tight passive, tight aggro… ?), le nombre de joueurs (short handed ou table pleine ?), la position, l’action en cours. Cette dernière notion étant dangereusement effleurée du bout des doigts (cf. « Contre-attaqué »)
Holà, Holà …jamais nous n’aurions eu la place en deux pages ! Et c’est là que l’on reboucle sur la forme : si le périmètre avait correctement été étudié, l’analyse des petites paires en NLH aurait été splittée en plusieurs parties. Chacune d’entre elles impatiemment attendue par des lecteurs avides de conseils éclairés.
A la loupe.
« Inutile de vous dire que si vous jouez comme ça vous serez lisible a 100% ». Les 100% sont en général faux au poker et particulièrement celui là. En affirmant cela c’est prétendre avoir en face de vous de bons joueurs attentifs au comportement adverse. C’est loin d’être le cas sur la plupart des petites/moyennes tables où sur les 30/100/250 de l’ACF...et même plus haut !
A moins d’être sur une table entière de pointures, quelque soit la limite y’a toujours un ou deux fish qui ne regardent rien que leur deux cartes et qui avance a coup d’espoir de cartes magiques touchées sur le Turn ou la River.
Deux exemples. Le premier pour appuyer ce que j’affirme et le deuxième un contre exemple qui n’est qu’un leurre. Les deux se déroulent sur une 100 EUR NL à l’ACF. Pas la peine de s’attarder sur les paramètres tapis et autres ,rien de notable (medium stack).
- 55 au BB. Depuis 2 heures, je ne joue quasiment pas un coup. Ce n’est pas rare en live lorsque l’on est plutôt serré et que les cartes ne viennent pas. Je check. 6 joueurs au flop. 5 T J. J’Overbet légèrement, 4 joueurs calls. Les mêmes qui de temps en temps me disent ‘quelle serrure !’ ….A l’arrivée, je triple mon tapis. Souvent, vous remarquerez que même si des joueurs adverses vous affiche ‘serrure’ ou 'coffre-fort ‘, leur instinct mal placé de joueurs compulsifs les poussent à jouer contre vous.
- 88. on est 4 au flop. 4 T 8. Je mise. Tout le monde fold. J’en déduis que je suis trop lisible . Non ! J’en déduis avant tout (face à ses joueurs) que personne n’avait rien .
« Comme il vous faut une côte pour rentabiliser…trois joueurs ». C’est avant tout une remarque de limit Hold’em. En NLH deep stacks, je peux payer une relance en position avec une petite paire face à un seul joueur qui sur joue top paire ou autre main marginale.
« Ne leur donnez jamais de carte gratuite » Encore un 100% que je n’aime pas. Un contre exemple pour illustrer. NLH deep stacks. Je suis face à un joueur moyen straightforward. Flop 7c Qh 2h. j’ai 77. Le gus à attaquer preflop, attaque sur le flop, je relance, il call. A sa façon de jouer, je me doute qu’il a Ah Kh en main. Il check un blank sur le turn. Là, y’a matière a l’embrouiller. Si je check, il va très souvent penser que je suis soit sur un tirage soit sur une main de tip top paire kicker moyen. Avec un set ou deux paires, il aurait été "naturel" de relancer pour couper ses « fameuses côtes ». Avec un check, j’ouvre la porte à un piège pour tout son tapis en cas doublette couleur ou pour une bonne partie si un A arrive. Et si la couleur tombe sans full, croyez-vous qu’il va me prendre beaucoup ? Quelque fois, le risque en vaut la chandelle. Et les résultats longs termes s’en ressentiront grandement.
Le joueur a trop tendance à penser qu’un check est un signe de faiblesse. C’est souvent le cas, mais attention en deep stack NL face à des joueurs expérimentés. Ne tirez pas de conclusion trop hâtive.
NB : evidemment si le joueur en face est une calling station. Je mise le maximum qu’il est prêt à payer sur le turn.
« Si vous êtes contre attaqué, vous ne devez jamais payer ». ha bon ? Même si 75% ou 50% de mon tapis est déjà engagé ? Ei si je suis en deep stack ?
« Contre-attaqué ». Sur-relancer le relanceur. C’est assez rare. Il faut être sur du betting pattern du gars en face, sinon c’est broke dans les heures qui suivent. C’est un coup que j’ai déjà fait en tournoi. Mais en Cash Games, aucun intérêt sauf envie subite de gambler face a un déglingo short stack. En encore…Typiquement le genre de situation à éviter en NL. Soit vous êtes devant de très peu (face à deux overcards) soit vous êtes très loin derrière (face a une paire plus grosse).
NB : On l’aura remarqué, les 100% ça ne passe vraiment pas !
Je ne mets pas en cause le talent de François. Je suppose que ce résultat est le fruit d’une certaine précipitation ou d’un souci logistique. J’espère que le prochain article de stratégie ne reproduira pas ce genre de lacunes et sera du niveau auquel on est en droit de s’attendre de la part d’un professionnel et d’un magazine qui se veut spécialisé.
Pour un prochain article (A suivre sur les trois prochaines semaines).
Je ne pouvais pas me cantonner à une simple critique. Je propose donc mon analyse (*) des petites paires au NL Hold’em. Je split cette analyse en trois grandes parties. Chacune d’entre elles sera accompagnée d’exemples vécus significatifs. Attention, le but du jeu n’est pas de sortir un « How To » (i.e. Comment faire) exhaustif mais de donner les clés d’une réflexion durant le jeu qui aboutira à telle ou telle conclusion conséquence de paramètres objectifs (tapis, position…) et subjectifs (image, impression, tempéramment…)
- Niveau débutant : les petites paires en Small stacks, full ring et table 6 joueurs.
- Niveau intermédiaire : les petites paires medium stacks, full ring et table 6 joueurs.
- Niveau confirmé : les petites paires, deep stacks, SB et BB, full ring et table 6 joueurs.
(*) Cette analyse est le fruit de mon travail (lectures, discussions, expériences). Je ne l’ai pas pondu du chapeau et je n’ai pas la prétention d’avoir inventé quoique ce soit. Il y a 30 ans et plus, des experts de NL Hold’em existaient déjà et jouaient aussi bien que ceux d’aujourd’hui pour nous apprendre les fondamentaux.
Je ne prétends pas non plus qu’elle soit la meilleure. Et surtout, comme tout avis concernant le poker, je prends garde à ne jamais figer ma façon de penser. Le jeu évolue, on dit des conneries, on corrige... C’est en réfléchissant sans cesse que l’on arrive à espérer effleurer une illusoire perfection.
Raoulshiro ! Good Luck !
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